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La phénologie est le premier indicateur biologique du changement climatique et un des principaux caractères-clé de la capacité d'adaptation des espèces à ces changements. Les modifications observées génèrent des inquiétudes concernant leurs conséquences à moyen terme, soit sur la croissance des plantes, sur l'élaboration du rendement et / ou sur la qualité des fruits.

Le SOERE TEMPO, Réseau National d’Observatoires de la Phénologie, comporte 11 observatoires. La mission de TEMPO est de comprendre et prédire comment le changement climatique impacte la phénologie des organismes vivants et les conséquences en termes de productivité des systèmes, survie et répartition des populations.

L’Unité Expérimentale Horticole est actrice au sein du SOERE Tempo –, avec son verger observatoire composé de 4 espèces fruitières (pommier, cerisier, pêcher et abricotier). Ce dispositif arboricole  est dupliqué sur 5 autres Unités INRAE (UE Arboricole - Bordeaux, UMR PIAF - Clermont, UERI Gotheron -Valence, UR GAFL – l’Amarine, Avignon, UE Diascope - Montpellier, uniquement pour les pommiers).

Ce verger a été mis en place sur le domaine de La Rétuzière (Les Hauts d’Anjou) en janvier 2015, et les premières notations phénologiques ont débutés dès janvier 2016 lors du débourrement des arbres fruitiers. Chaque année, nous évaluons 10 stades phénologiques du débourrement jusqu’à la senescence en passant par la floraison et la maturité des fruits, et nous collectons  3 métadonnées (floribondité, intensité de l’éclaircissage, et charge des arbres en fruits).

A ce jour, nous avons pu collecter sur le terrain environ 5 000 données phénologiques avec le logiciel ADONIS (outil d’acquisition de données) en 5 années d’observation. L’intégralité de ces jeux de données sont accessibles pour l’ensemble de la communauté scientifique ou pour les particuliers, pour consultation ou téléchargement sur le Dataverse Inrae de l’Unité Expérimentale Horticole (https://doi.org/10.15454/SCTMIU).

Le développement saisonnier des végétaux, et donc celui des arbres fruitiers, est influencé par les variations climatiques. A Angers, de 2016 à 2019 nous n’avons pas constaté de grosses perturbations de la phénologie, sauf en 2019. Une gelée de -2 °C durant la matinée du 4 avril 2019 a occasionné une destruction totale des fruits pour les abricotiers et les pêchers.

2020 risque également d’être une année  particulière  pour notre verger observatoire.  L’hiver 2019-2020 relativement doux (8°C en moyenne) sans gelée et un temps très pluvieux (300 mm d’eau), occasionnent un départ de la végétation anticipé par rapport aux années précédentes. Pour l’ensemble des espèces et plus particulièrement pour les variétés précoces, nous avons observé un débourrement 10 jours plus tôt qu’en 2019. Ce phénomène est moins prononcé pour les variétés tardives. Les 27 et 28 mars 2020, des températures négatives ont provoqué quelques dégâts de gel (50 % sur pêche et abricot), mais cependant moins intenses qu’en 2019. Cet aléa climatique ne devrait pas nous empêcher de faire des notations de maturité des fruits pour cet été. Pour la variété de cerise Cristobalina (variété précoce), la maturité des fruits est annoncée avec une douzaine de jours d’avance. Cette tendance restera à confirmer pour l’ensemble des espèces, mais il est probable que la mturité des fruits soit plus précoce qu’en année standard.

En raison du confinement lié au Covid 19, des données de phénotypages n’ont pas été acquises en mars et avril 2020. De plus, l’entretien du dispositif a dû être allégé. Des dégâts de cloque sur feuilles de pêchers, ainsi que la présence de Drosophila suzukii en cerisier notamment sur Cristobalina sont observés.

Depuis, la reprise progressive de notre activité, nous faisons le nécessaire, tout comme l’ensemble du réseau observatoire « Fruit », pour assainir la situation sanitaire, afin de continuer les notations sans difficultés jusqu’à la sénescence.